Histoire

Deux hameaux - Bitry et Oimpuits - trois grosses fermes isolées - Moigneville, Ennorville et Beaulay - et le château  de Trétinville, entourent le village. Les écarts de Sébouville et Torville, à l’ouest de la D22, constituaient l’ancienne commune de Sébouville avant qu’elle en soit rattachée en 1972 à Guigneville, dont le terroir est séparé naturellement, dans sa partie sud, de celui de Pithiviers-le-Vieil par le bois de Bel-Ebat.

          L’habitat s’est fixé dans le plateau beauceron, à une altitude comprise entre 124 et 136 mètres. Blé, maïs et betteraves se partageant la plus grande partie des zones cultivables, il est curieux de constater que les parcelles portent fréquemment des noms qui font allusion à des terres plutôt ingrates comme les « pierrailles », la « garenne, ou la « sablonnière ». Ici, l’orge pourrait être presque considéré comme un intrus. Pourtant, la malterie de Pithiviers, en faisant de cette graminée une spécificité régionale, a contribué pour beaucoup au développement de sa culture.

          Des haches et des meules néolithiques ont été trouvées dans les labours. De la poterie sigillée, une vaisselle à grain fin recouverte d’un engobe rouge, a été mise à jour près de Oimpuits. Produite de façon quais industrielle et diffusée sur tout l’empire romain, elle révèle l’existence d’une implantation gallo-romaine que la photographie aérienne pourrait localiser avec précision. Il a également été découvert un trésor monétaire à Ennorville. La trouvaille n’est pas exceptionnelle : cinq lots de pièces de monnaies diverses sont par exemple connus pour le seul canton voisin d’Outarville. Les invasions qui déferlent sur la Gaulle au cours du IIIème siècle sont à l’origine de la plupart des dépôts recensés, bien des économies ayant alors été enfouies dans des vases en céramique à l’annonce de l’arrivée des bandes de pillards.

          La toponymie, toujours sollicitée dans l’espoir d’en savoir davantage, fournit quelques repères historiques. Beaulay et Bitry semblent désigner des exploitations gauloises ou gallo-romaines alors que Guigneville, Ennorville et Sébouville évoquent des noms germaniques qui se sont forgés sur des suffixes en –ville, entre le IIIème et le VIème siècle. Si l’origine de Gervilliers est associée à un nom scandinave, comme on le pense, et si Bretonvilliers n’est que l’ultime trace de l’installation d’une famille de Bretons dans la région, comment, dès lors, ne pas évoquer l’influence des raids vikings des IXème et Xème siècles à leur sujet ?

          Durant le Moyen Age, Guigneville et ses écarts ne sont guère connus. On sait seulement que les fiefs de Oimpuits et Bitry relevaient de l’abbaye de St Mesmin, que Beaulay était rattaché à St-Euverte d’Orléans, et que Sébouville dépendait des chanoines de St-Georges de Pithiviers, tandis que Trétinville, Ennorville et Moigneville appartenaient aux seigneurs de Chamerolles. On a également retrouvé un certain nombre de souterrains-refuges disséminés sur le parcellaire communal. Creusés pour la plupart à la fin de la période médiévale, ils enflammèrent quelques fois l’imagination de ceux qui les découvrirent. L’histoire de Guigneville a été de tous temps essentiellement rurale. Au long des siècles et au fil des saisons, la vie s’y est déroulée dans les grandes fermes qui exploitent les terres environnantes. Les repères événementiels sont rares. La guerre de Cent ans n’a laissé aucune trace. Tout au plus les villageois virent-ils passer de loin les troupes anglaises et les fidèles de Charles VII, soutenu par la famille de La Taille, dont les membres s’implantèrent au XVIIème siècle dans toute la région.

          Dans la seconde moitié du XIXème siècle, le bourg se structure et s’équipe. Des bâtiments scolaires sont construits entre 1876 et 1879, une gare en 1892, qui est toujours là pour perpétuer le souvenir du « Décau », le chemin de fer qui reliait Pithiviers à Toury. Le « TPT », comme on l’appelait, avait la particularité d’être tantôt un tramway destiné aux voyageurs, tantôt un train betteravier. Six à huit locomotives en permanence sous pression, 80 kilomètres de ramifications secondaires qui reliaient les fermes à la voie principale, une grande sucreire à chaque terminus, 278 034 tonnes de fret transportées en 1932, 160 000 passagers en 1943… ces chiffres ne suffisent-ils pas à rendre compte de l’importance de ce réseau ferré qui fut unique en France ? En 1928, l’électricité arrive à Guigneville, puis l’eau courante en 1932, puisée dans la nappe phréatique à 38 mètres de profondeur. Cela n’empêche pas le bourrelier, le maréchal-ferrant, le tisserand, les cordonniers et les entreprises de battage de disparaître peu à peu…